Une auditrice a souhaité raconter son histoire d'accès à des soins en santé mentale au 106,9 Mauricie. Pendant deux ans, cette femme a dû se battre pour que sa fille atteinte d'un trouble du spectre de l'autisme et d'une déficience intellectuelle reçoive des soins pour des psychoses récurrentes.
En 2020, la fille de madame Tremblay* a fait une psychose. La pandémie a amené l'arrêt de toutes ses activités. Un moment qui a profondément déstabilisé cette jeune femme de 21 ans neurodivergente.
À ce moment, la jeune femme ne reconnait plus ses parents, ne reconnait plus sa maison, ne dort plus et elle fait beaucoup d'anxiété parce qu'elle ne comprend pas ce qui se déroule autour d'elle. Madame Tremblay décide donc d'amener sa fille à l'urgence de Nicolet.
L’équipe sur place donne un médicament pour apaiser la jeune femme et l’on retourne la famille à la maison en expliquant qu’il n'y a rien de plus à faire. Madame Tremblay retourne donc chez elle avec sa fille qui ne se reconnait plus, qui ne reconnait plus sa famille et qui ne reconnait plus son environnement. La situation dégénère. La jeune femme ne dort plus, elle est très anxieuse. Madame Tremblay décide de retourner à l'urgence, cette fois à Fortierville.
Après quelques heures d'attentes, l'équipe médicale assure à madame Tremblay qu'il n'y a rien de plus à faire. Il faut attendre que la médication fasse effet. Madame Tremblay retourne à la maison.
À ce moment, la fille de madame Tremblay est en crise. Lorsqu'elle arrive à la maison, elle essaie de se sauver. Voyant qu'il y a un danger pour sa sécurité, madame Tremblay et son conjoint décident de retourner à l'urgence. Ils prennent la direction de Trois-Rivières parce qu'il y a des psychiatres sur place.
« À ce moment, on est comme dans le néant. On ne connait pas ça [les troubles de santé mentale]».
À Trois-Rivières, la jeune femme est finalement gardée en observation pour la nuit. Toutefois, le psychiatre lui donnera son congé de l'hôpital sans la voir et sans avoir parlé à ses parents. Madame Tremblay craignait que la situation dégénère encore une fois à la maison, mais elle doit quitter l'hôpital avec sa fille.
De retour à la maison, la psychose de sa fille se poursuit. Elle ne reconnait plus rien. À bout de ressources et voyant que l’urgence ne peut rien faire pour aider sa fille, madame Tremblay appelle son médecin de famille. La secrétaire du médecin demande à ce que l’intervenante du CRDI associée au dossier de sa fille passe à la maison pour évaluer la situation.
Le lendemain, l’intervenante passe et elle sonne l’alarme. Le médecin comprend que la situation est urgente et il libère une chambre sur son aile à l’hôpital de Trois-Rivières. Après quatre jours de psychose, la fille de madame Tremblay est prise en charge.
Cependant, madame Tremblay n'est pas au bout de ses peines. Après trois jours d'hospitalisation, le médecin de famille quitte pour ses vacances. Le médecin qui le remplace décide que la jeune femme est prête à retourner à la maison parce qu'elle est plus calme. Madame Tremblay a dû faire la démonstration que sa fille ne la reconnaissait toujours pas et qu'elle avait une vision déformée de la réalité pour que les médecins décident de garder sa fille hospitalisée. Après une semaine, la situation s’améliore.
Lors du départ de l’hôpital, on assure à madame Tremblay qu’un psychiatre lui téléphonera pour faire un suivi. La famille est rassurée. Toutefois, madame Tremblay n'a jamais eu de nouvelles du psychiatre.
En 2021, la fille de madame Tremblay recommence à avoir des symptômes de psychose. Elle commence à ne plus reconnaitre sa chambre et sa famille. Inquiète, madame Tremblay rappelle au bureau du psychiatre pour savoir où en est le suivi.
« Ils me disent : il aurait fallu qu'on vous appelle dans l'année qui suit son hospitalisation. Étant donné que vous n'avez pas eu d'appel, vous n'êtes plus sur la liste.»
Voyant que la situation est urgente, la secrétaire propose à madame Tremblay de laisser une note au psychiatre pour qu'il la rappelle. Madame Tremblay n'a eu aucune nouvelle. Elle dut gérer cette situation seule.
En 2022, la situation se répète. L'état psychologique de la fille de madame Tremblay se dégrade. Madame Tremblay ramène sa fille à l'urgence. Un psychiatre voit finalement sa fille. Il propose un traitement avec des antidépresseurs.
Il aura fallu deux ans pour que cette jeune femme reçoive un traitement et un suivi.
Madame Tremblay dénonce les délais et le fait qu’elle ait dû se battre pour que sa fille ait droit à un suivi en santé mentale. Elle assure que pour la santé physique de sa fille, les équipes médicales savent comment s'occuper de sa fille, mais qu'il y a peut-être une faille dans le système en ce qui concerne les soins en santé mentale, particulièrement pour sa fille atteinte d'un trouble du spectre de l'autisme et d'une déficience intellectuelle.
* Nom fictif